février 2023

Retour sur 10 événements marquants de 2022 en assurance médicaments

POLITIQUES GOUVERNEMENTALES
1. Médicaments biosimilaires et incidence sur les assureurs

L’année 2022 a été fructueuse en matière de virage vers l’utilisation de médicaments biosimilaires. Le Québec et les Territoires du Nord-Ouest font officiellement partie du mouvement national depuis le 12 avril 2022 et le 20 juin 2022 respectivement. La Nouvelle-Écosse, la Saskatchewan et l’Ontario rejoindront les autres juridictions canadiennes aux mois de février, avril et décembre 2023 .

Diverses approches de gestion des médicaments biosimilaires ont été mises de l’avant par les assureurs, dont celles d’imposer un virage obligatoire, de ne faire aucune transition ou de laisser les preneurs de régime décider. Parmi les assureurs qui ont imposé le virage vers les médicaments biosimilaires, la transition a connu un succès. Il y a eu peu de cas d’exceptions.

2. Expiration des brevets pour les médicaments biologiques

En 2022, le médicament biologique Lucentis voyait son premier compétiteur biosimilaire, Byooviz, arriver sur le marché. Autrement, l’année 2022 a été assez tranquille en matière de nouveaux médicaments biosimilaires pour le remplacement des blockbusters.

L’industrie attend de pied ferme l’année 2023, car bien qu’il existe déjà des médicaments biosimilaires pour le Humira, une dizaine d’autres feront leur apparition sur le marché!

Certains médicaments biologiques de référence perdront leur brevet dans les prochaines années : les brevets de Stelara, du Simponi et du Eylea expireront en 2024 et ceux du Soliris et du Entyvio en 2025. Ces biologiques représentaient à eux seuls près de 5 % du montant de la dépense admissible pour des médicaments en 2021.

Le virage vers les biosimilaires représente une mesure importante de contrôle des coûts et l’expiration de ces brevets permettra de réaliser des économies supplémentaires.

3. Report indéfini de la réforme du Conseil d’examen du prix des médicaments brevetés (CEPMB)

La réforme du CEPMB est passée inaperçue durant le premier semestre de 2022. Au 1er juillet 2022, la réforme est entrée en vigueur sans application des lignes directrices; en d’autres mots, il s’agit d’une entrée en vigueur avec statu quo. Un appel à commenter et à réviser les lignes directrices provisoires a été lancé pour une entrée en vigueur de la réforme au 1er janvier 2023. Puis, le 16 décembre dernier, le CEPMB a annoncé le report indéterminé de la réforme.

Rappelons qu’une telle réforme aurait eu un effet à la baisse sur les coûts des régimes privés .

4. Seuils de mise en commun

Les coûts des grands réclamants ne cessent de croître avec l’arrivée de nouveaux médicaments coûteux.

Dans la prochaine année, des diminutions de frais de mise en commun ont été annoncées par la Société de compensation en assurance médicaments du Québec (SCAMQ) – la référence canadienne de balisage pour l’établissement des seuils de mise en commun et leurs frais. En effet, les frais de mise en commun de la SCAMQ ont diminué au 1er janvier 2023, pour la majorité des seuils. Cette baisse est bien accueillie étant donné la pression des coûts à la hausse. Rappelons que la dernière baisse des frais remontait à 2019 et qu’elle avait été suivie par trois hausses.

Malgré la baisse générale des frais annoncée pour 2023, les répercussions au niveau des frais de mise en commun tardent à se faire sentir chez les assureurs.

5. Augmentation des pouvoirs des pharmaciens dans le système de santé

En novembre dernier, l’Ontario annonçait qu’à compter du 1er janvier 2023, les pharmaciens seraient autorisés à prescrire des médicaments pour treize maladies. L’octroi de telles responsabilités aux pharmaciens permettra aux patients d’être pris en charge et traités plus rapidement. L’Ontario espère ainsi désengorger ses hôpitaux et ses cliniques en donnant plus de pouvoirs aux pharmaciens. Notons que l’Ontario n’est pas la première province à octroyer de nouvelles responsabilités à ses pharmaciens; le Québec le fait déjà depuis quelques années.

Au Québec, une nouvelle entente a été conclue entre l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) et le ministère de la Santé et des Services sociaux. Parmi les différents volets de l’entente se trouvent les tarifs de distribution des pharmaciens. Des augmentations de l’ordre de 2 % à 3,5 % sont prévues dans les prochaines années par la RAMQ. Dans le contexte actuel, on pourrait s’attendre à une augmentation importante des marges des pharmaciens pour les régimes d’assurance médicaments privés.

Un autre volet de l’entente propose une modification de la méthode de rémunération des pharmaciens. Les honoraires seront déterminés en fonction de la complexité et de l’intensité du service. Cette nouvelle méthode de facturation renforcera le rôle du pharmacien comme intervenant de première ligne dans le système de santé.

TENDANCES DU MARCHÉ
6. Développement de l’offre des médicaments contre l’obésité

Plusieurs médicaments pour le traitement de l’obésité ont fait leur apparition sur le marché. Que ce soit sur les réseaux sociaux, à la télévision ou dans les journaux, l’Ozempic a été très médiatisé au cours des dernières années pour la perte de poids, alors qu’il s’agit d’un traitement indiqué pour le diabète de type 2. Sa popularité a d’ailleurs entraîné d’importantes ruptures de stock dans les derniers mois.

Les assurés sont définitivement à la recherche de solutions pour la perte de poids. Le Wegovy, une molécule identique à l’Ozempic, mais avec un dosage plus élevé, est quant à lui spécifiquement indiqué pour la perte de poids et l’obésité. Le Wegovy a récemment été approuvé par Santé Canada.

Le Mounjaro, un médicament qui aurait des effets similaires à ceux de la gastrectomie pariétale ou « sleeve », un type de chirurgie bariatrique, a également été approuvé par Santé Canada en novembre dernier.

L’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS) demeure prudente face à ces nouveaux médicaments. Elle a d’ailleurs produit une évaluation négative pour le Wegovy et recommande de ne pas rembourser le médicament. Le Mounjaro demeure, quant à lui, en cours d’évaluation par l’ACMTS.

Au Québec, l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) évalue présentement « l’efficacité, l’innocuité, l’efficience et l’usage recommandé des médicaments dans le traitement de l’obésité, afin de soutenir le ministère de la Santé et des Services sociaux dans sa réflexion concernant la pertinence d’élargir la couverture publique à ce type de médicaments pour certaines clientèles bien définies »¹. Les médicaments pour le traitement de l’obésité font partie de la liste d’exclusion de la RAMQ depuis 1997.

Les dépenses pour contrer l’obésité pourraient augmenter dans les années à venir, mais les régimes d’assurance réaliseront probablement des gains en réduisant les dépenses associées à des comorbidités comme le diabète, le cholestérol, l’hypertension et la santé mentale.

7. Équité, diversité et inclusion – conception du régime du preneur

La perception des employés face à leur régime d’assurance collective est primordiale. En 2022, plusieurs organisations ont fait un diagnostic EDI de leur régime d’assurance collective. De façon générale, les éléments de diversité liés aux conditions de santé sont moins bien ressortis. Pour les médicaments, plusieurs éléments dans la conception du régime peuvent le rendre plus équitable, notamment une couverture plus étendue pour les vaccins et les médicaments liés à l’obésité, la cessation tabagique, la dysfonction sexuelle ou encore les traitements pour l’accès à la famille (c.-à-d. l’infertilité).

Plusieurs employeurs bienveillants sont déjà sur la bonne voie et contribuent à l’impact social positif de l’équité, la diversité et l’inclusion. Ce qui était approprié il y a quelques années ne l’est peut-être plus à l’heure actuelle. C’est un exercice continu à ne pas perdre de vue.

AUTRES FAITS SAILLANTS
8. Gestion des maladies rares

Cette année, le Québec a publié une politique pour les maladies rares. C’est une première politique visant l’optimisation de « l’accès à des soins et à des services de santé de qualité, sécuritaires, équitables, inclusifs et adaptés aux besoins particuliers des patients atteints de maladies rares, et culturellement sensibles »² au Canada. Le Québec s’est également engagé à publier un plan d’action en 2023 afin de réaliser les différents objectifs et de prévoir des mesures financières pour en assurer la pérennité.

La couverture étatique des médicaments pour les maladies rares est une solution que Normandin Beaudry prône dans son livre blanc depuis 2018. En 2022, le MAPOL, un organisme de l’industrie pharmaceutique spécialisé en matière de régimes d’assurance médicaments privés et publics au Canada, a également publié un livre blanc sur la gestion du risque financier des maladies rares. Il arrive au constat qu’une couverture étatique est de mise pour la gestion des médicaments pour maladies rares.

Le budget fédéral de 2022 n’annonçait aucune nouvelle sur le régime national d’assurance médicaments, mais le gouvernement promet de déposer un projet de loi qui entrera en vigueur d’ici la fin 2023.

9. Un « nouveau » médicament : le Dexcom

Le Dexcom est un appareil de surveillance de glucose en continu qui émet des alertes et des lectures de glycémie directement sur le téléphone du patient. Jusqu’à présent, les assureurs considéraient cet appareil comme un article médical et non comme un médicament, contrairement à l’appareil Freestyle Libre qui a toujours été identifié comme un médicament.

Depuis 2022, l’appareil peut être acheté directement en pharmacie. Cette facilité d’accès a convaincu la plupart des assureurs de le reconnaître comme un médicament, ce qui a entraîné une hausse de la dépense de médicaments pour le diabète dans les régimes privés.

10. Pénurie de médicaments pour les enfants

Les effets combinés de la COVID-19 et de la pénurie de main-d’œuvre se font sentir. Plusieurs fabricants font face à des difficultés d’approvisionnement pour certains médicaments destinés aux enfants.

En effet, des antibiotiques comme l’Amoxicilline, traitement pour les bronchites, les pneumonies et les otites, et le Clavulin, traitement pour les infections bactériennes, font l’objet d’une pénurie importante au Canada. Les produits à base d’ibuprofène et d’acétaminophène tels que Tempra, Tylenol, Advil et Motrin ne font pas exception à la règle. Les produits arrivent au compte-gouttes en pharmacie et on limite la vente lorsqu’ils sont disponibles.

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¹ INSTITUT NATIONAL D’EXCELLENCE EN SANTÉ ET EN SERVICES SOCIAUX. La pharmacothérapie dans le traitement de l’obésité, [En ligne], 2022, mis à jour le 24 octobre 2022. [https://www.inesss.qc.ca/publications/repertoire-des-publications/publication/la-pharmacotherapie-dans-le-traitement-de-lobesite.html].

² MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX. Politique Québécoise pour les maladies rares, [En ligne], 2022, mis à jour le 6 juin 2022. [https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2022/22-916-01W.pdf].

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