janvier 2018
Les 10 événements marquants de 2017 en assurance médicaments
Pour les promoteurs de régime privé intéressés à réduire leurs coûts, chaque nouveauté sur la scène de l’assurance médicaments peut représenter une occasion d’économie à saisir, ou un risque à éviter. Mais il ne faut pas se le cacher : la quantité d’interventions de la part d’un grand nombre de joueurs (gouvernements, assureurs, pharmaciens, compagnies pharmaceutiques) forme un tableau complexe qui rend l’exercice ardu. D’où l’intérêt de cette troisième édition de notre palmarès, que nous avons constitué pour permettre aux promoteurs avisés de cibler les pistes d’action les plus prometteuses.
Nous présentons ici les 10 événements de la dernière année ayant, selon nous, le plus touché les régimes privés d’assurance médicaments.
1. Lancement du régime universel d’assurance médicaments en Ontario (Assurance-santé Plus)
2. Changements législatifs au Québec
3. Série de modifications au régime public d’assurance médicaments du Québec
4. Nouvelles normes pour l’établissement du prix des médicaments au Canada
5. Mise en marché de nouveaux médicaments coûteux
6. Arrivée de nouveaux biosimilaires
7. Multiplication des programmes d’évaluation des médicaments coûteux
8. Aucune soumission en raison des hauts réclamants
9. Modèles de pharmacies émergents
10. Mobilisation éclair des promoteurs de régime privé au Québec
En 2017, les gouvernements ont apporté plusieurs changements aux programmes publics d’assurance médicaments et aux cadres législatifs.
Le 27 avril dernier, le gouvernement de l’Ontario avait annoncé qu’un régime universel gratuit d’assurance médicaments serait offert à toutes les personnes de moins de 25 ans à compter du 1er janvier 2018, sans égard à la couverture par un régime privé. Ce régime public, maintenant en place, est premier payeur. Il ne prévoit aucun débours de la part des assurés (franchise, coassurance, primes) et couvre l’ensemble des médicaments remboursés par le Programme de médicaments de l’Ontario. L’arrivée de l’Assurance-santé Plus représente donc des économies pour les régimes privés ayant des assurés de moins de 25 ans en Ontario (employés et personnes à charge).
Depuis le 15 septembre, les pharmaciens ont l’obligation de ventiler les coûts de chaque médicament sur la facture remise à leurs clients. Cette obligation de transparence découle de l’entrée en vigueur du projet de loi 92. Force est de constater que les effets souhaités de cette mesure tardent à se manifester étant donné que la facture détaillée comporte beaucoup de renseignements et qu’il peut être difficile pour un assuré de s’y retrouver. Les promoteurs de régime ont intérêt à sensibiliser les assurés à vérifier sur la facture les honoraires de pharmaciens, car ce montant peut faire varier considérablement le coût d’un médicament d’une pharmacie à l’autre, ce qui a une incidence directe sur le coût des régimes d’assurance collective.
Le 16 juillet, le gouvernement québécois annonçait qu’aucun processus d’appel d’offres pour les médicaments génériques ne serait mis en place, malgré ce que stipulait le projet de loi 81. Plutôt, il a conclu une entente confidentielle avec les fabricants de médicaments génériques. À ce point-ci, nous ne pouvons qu’espérer que ces ententes seront également bénéfiques pour les régimes privés.
Le 23 novembre, le projet de loi 148 a été adopté, obligeant les pharmaciens à limiter leurs achats de médicaments génériques provenant d’un même fabricant à 50 % de la valeur annuelle de ces achats. À ce jour, il est trop tôt pour en anticiper l’effet sur le prix des médicaments. Nous suivrons ce dossier de près au cours des prochains mois.
La limitation du nombre de bandelettes remboursé pour le contrôle de la glycémie, la limitation du remboursement des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) pour le traitement des ulcères et reflux gastriques à 90 jours par année et le retrait du Remicade de la liste des médicaments couverts font partie des modifications apportées. Comme les régimes privés ont, au Québec, l’obligation de rembourser au minimum ce qui est couvert par le régime public, ces changements représentent des occasions d’économies intéressantes. Toutefois, les assureurs ne sont pas en mesure pour le moment d’administrer ces mesures dans les régimes privés. Nous travaillons étroitement avec eux pour que ces mesures soient applicables aux régimes privés le plus rapidement possible, ce qui permettra un meilleur contrôle des coûts.
Le Conseil d’examen du prix des médicaments brevetés (CEPMB) est un comité à juridiction fédérale qui, entre autres responsabilités, exerce un contrôle sur les prix des médicaments brevetés afin de s’assurer qu’ils ne sont pas excessifs. Pour déterminer les prix au Canada, il les compare à ceux en vigueur dans d’autres pays industrialisés. En décembre, le CEPMB annonçait que le marché de référence serait modifié et que, notamment, les États-Unis n’en feraient plus partie. Étant donné le coût plus élevé des médicaments chez nos voisins du Sud, ce changement fera vraisemblablement baisser les coûts des médicaments qui feront leur entrée sur le marché canadien.
Les compagnies pharmaceutiques continuent à investir substantiellement dans le développement de médicaments.
Certaines compagnies ont récemment commercialisé des médicaments visant à traiter des conditions rares pouvant coûter jusqu’à deux millions de dollars par année. Au cours de la dernière année, on a aussi vu l’arrivée sur le marché de médicaments traitant des conditions chroniques fréquentes, comme l’eczéma, le psoriasis ou les affectations chroniques du foie, pouvant atteindre un coût annuel de plusieurs dizaines de milliers de dollars. L’arrivée de médicaments coûteux sur le marché n’est pas une nouveauté en 2017 et il n’y a pas l’ombre d’un doute que cette réalité sera présente au cours des prochaines années.
Ces nouvelles molécules entraînent une hausse des coûts annuels de médicaments qui dépasse largement l’inflation générale et qui menace la pérennité des régimes privés d’assurance médicaments.
Les biosimilaires sont des médicaments ayant les mêmes effets thérapeutiques que les médicaments biologiques de référence, mais dont le coût est jusqu’à 50 % moins élevé. Plusieurs biosimilaires ont été mis en marché. Parmi eux, le Brenzys (biosimilaire de l’Enbrel) a fait sa place très rapidement sur le marché canadien, ayant été approuvé comme traitement préférentiel en 2017 dans toutes les provinces canadiennes, sauf Terre-Neuve. De plus, un deuxième biosimilaire du Remicade, le Renflexis, a été approuvé par Santé Canada à la fin de 2017. Très prochainement, il y aura donc de la concurrence sur le marché des biosimilaires, ce qui aura un effet bénéfique sur le coût des médicaments.
Notons que certains assureurs ne favorisent pas le remboursement des biosimilaires lorsqu’ils ont conclu des ententes confidentielles avec les compagnies pharmaceutiques produisant les médicaments biologiques de référence. Les assureurs n’ayant pas tous la même approche, il est important pour les promoteurs de régime de bien connaître l’offre en gestion de médicaments de leur assureur pour faire les bons choix.
En réaction aux médicaments coûteux sur le marché (actuels et futurs), les assureurs revoient leur offre en assurance médicaments.
Depuis quelques années, certains assureurs ont mis sur pied des programmes visant à contrôler les hausses de coûts liés aux médicaments. En 2017, ces programmes se sont multipliés. Leur principal objectif ? L’évaluation coût-efficacité des médicaments mis en marché, afin de déterminer si ces derniers seront couverts ou non par l’assureur ou à quelles conditions ils seront couverts, s’il y a lieu. Ces programmes génèrent des économies dans les régimes privés, car ils permettent de ne rembourser que les médicaments les plus efficaces à moindres coûts.
Au Québec, on commence à voir certains assureurs qui hésitent ou refusent de soumissionner dans un contexte d’appel d’offres pour des groupes ayant de très hauts réclamants. Le phénomène est bien installé hors Québec où il est de plus en plus commun de voir des groupes condamnés à rester avec leur assureur en présence de hauts réclamants. Il est grand temps que l’industrie se penche sérieusement sur cette question. Le Livre blanc – Un remède aux régimes privés d’assurance médicaments, de Normandin Beaudry, propose des pistes de réflexion à cet égard. Le sujet est donc toujours d’actualité, même cinq ans après la publication de ce document.
Certains pharmaciens revoient leur modèle d’affaires en s’adaptant aux nouvelles réalités.
L’offre des pharmaciens s’est diversifiée significativement au cours des derniers mois. De nouveaux modèles de pharmacies ont vu le jour, certaines misant sur des prix abordables, d’autres sur la promotion de la santé. Le mode de distribution des services aux patients a également évolué avec l’ouverture de nouvelles pharmacies postales et de pharmacies axées sur la consultation. Afin que leurs assurés fassent des choix judicieux quant à leur pharmacie, les promoteurs de régime devraient leur communiquer l’offre complète des pharmacies à leur disposition.
Les promoteurs de régime ont fait front commun contre un règlement d’application de la RAMQ.
Un règlement d’application de la RAMQ prévu pour une publication en juin a entraîné le regroupement de près de 70 employeurs représentant près de 400 000 assurés au Québec, et ce, en seulement une semaine. La réponse de la RAMQ a été favorable : le règlement d’application a été retiré. N’eût été l’action rapide du regroupement, la transparence de la facture en pharmacie n’aurait pas été applicable aux régimes privés et une interdiction d’appliquer des plafonds sur les honoraires de pharmaciens aurait été en vigueur.
Souhaitons que cet élan de mobilisation subsiste en 2018, car d’autres situations touchant les régimes privés restent préoccupantes, notamment l’écart grandissant des coûts qui les sépare du régime public.
Si ces événements ont été marquants, bien d’autres ont changé la donne en 2017 et d’autres surviendront en 2018. Nous ne pouvons qu’inciter les promoteurs à rester aux aguets afin de comprendre les risques spécifiques que chaque changement représente pour leur régime ainsi que les occasions précieuses d’action à ne pas laisser passer.
Pour mieux protéger leur régime contre les hausses de coûts, chacun a avantage à mettre en place une stratégie unique fondée sur le design optimal du régime, une communication ciblée et une attitude préventive. Nos spécialistes pourront vous offrir un accompagnement personnalisé à cet égard.
Pour obtenir plus de renseignements à ce sujet, communiquez avec les conseillers de Normandin Beaudry.